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Réflexions D’un Imam Citoyen Sur Le Sénégal D’aujourd’hui Et L’avenir De La Ville De Rufisque

Réflexions D’un Imam Citoyen Sur Le Sénégal D’aujourd’hui Et L’avenir De La Ville De Rufisque

Je voudrais tout d’abord m’associer aux Sénégalais, dans toute leur diversité, pour présenter mes condoléances les plus attristées à toutes les familles qui ont été éprouvées par la pandémie avec le rappel à Dieu de personnes qui leur sont chères. Je présente mes condoléances au président de la République, monsieur Macky Sall, ainsi qu’à nos distingués chefs religieux de toutes les religions et confréries. L’Association des imans et ulémas du Sénégal, à travers la voix de son président El Hadj Moustapha Guèye, a déjà appelé les Sénégalais à implorer Dieu par nos prières, mais aussi à adopter les comportements qui attirent sa bénédiction. Il faut reconnaître que la situation est difficile et que le virus, dans sa forme première et ses mutations, demeure tenace. En plus des prières, il faut que l’on mette aussi à profit l’intelligence d’actions et la solidarité que Dieu laisse à notre portée humaine pour accompagner le président de la République et son gouvernement, les médecins, le personnel et les structures de santé pour freiner la propagation du virus. Nous sommes devant un problème de santé individuelle et de santé publique. Les précautions de chaque Sénégalais feront la santé de tous les Sénégalais. C’est l’occasion d’insister encore sur le rehaussement maximal de l’observation des mesures barrières. Chacun les appliquant correctement et partout où l’on se trouve, nous ferions ensemble une grande différence dans le contrôle de notre ennemi commun.

Le Sénégal fait face aujourd’hui à plusieurs défis :

– résister aux chocs sanitaires, économiques et sociaux occasionnés par la pandémie pour tenir debout et pouvoir se relancer en période post-Covid-19. Et même pouvoir innover en période «in-Covid-19» pour déceler des opportunités pour repartir plus vite.

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– disposer rapidement de vaccins, seul moyen de sortir définitivement de cette pandémie et mettre en place un programme de vaccination transparent, bien ciblé et structuré. Egalement bien communiquer, expliquer et rassurer les vaccino-sceptiques ou «anti-vax» pour lever les craintes, souvent irrationnelles, bâties sur fond de théories du complot.

– éviter l’instrumentalisation de cette période difficile pour créer l’incohésion sociale et politique. Il se confirme de plus en plus que nous ne sommes pas totalement à l’abri du terrorisme djihadiste. Il est évident que des divisions politiques exacerbées, des frustrations sociales et économiques, la lecture de la part des jeunes d’un avenir bloqué de réalisations sociales et professionnelles pourraient faire le lit du terrorisme djihadiste.

– apprendre que la vraie solidarité n’est pas dans les hommages post mortem et l’argent que l’on donne lors des funérailles. Comme quelqu’un l’a bien dit : «La vraie solidarité consiste à s’aider et à s’aimer vivants.»

Je voudrais aussi profiter de cette lettre pour remercier ceux et celles, parmi les citoyens de la ville de Rufisque qui m’avaient sollicité pour diriger une rencontre d’échanges sur la question de la suppression des villes, dont celle de Rufisque. Je suis un imam et cet honneur m’a été accordé parce que les gens ont sûrement estimé que je pouvais être un esprit fédérateur et facilitateur du dialogue. Ma démarche a toujours consisté à amener les citoyens à dialoguer, à s’écouter et à trouver des espaces de convergence. Il est évident aussi que cette sollicitation allait trouver chez moi un accueil favorable, car en tant qu’imam et citoyen de la ville de Rufisque, tout ce qui s’y déroule et apporte des améliorations dans la gestion de cette cité m’intéresse. Soyons clairs, je ne prends pas la parole en tant qu’expert de la décentralisation et la question qui nous interpelle n’est pas un débat religieux, mais plutôt un débat laïc de démocratie locale en République. J’implore cependant le Bon Dieu afin qu’Il nous éclaire pour trouver ensemble les meilleures décisions.

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Les rencontres d’échanges auxquelles j’ai participé jusqu’ici nous ont permis de voir que la question mise sur la table par le président de la République intéresse beaucoup les citoyens. Cependant, ces derniers souhaitent bien comprendre pour répondre et surtout ne pas être les appâts d’intérêts partisans ou politiciens. Des explications fusent de partout et reflètent des positions contradictoires et parfois peu claires. Il émerge des positions antagonistes qui se nourrissent d’arguments techniques, politiques, historiques, coutumiers, affectifs etc. Ainsi, les points de vue sont multiformes et jusqu’ici ils proviennent principalement de leaders engagés dans la vie politique nationale ou locale. Il faudrait des méthodologies de concertation pour pouvoir entendre toutes les voix et surtout celles en provenance de la base. Le débat ne doit pas être politico-politicien, guidé par des stratégies de positionnements individuels ou de partis. C’est l’avenir de Rufisque de tous et de toutes qui est en jeu.

Le président de la République a partagé avec l’opinion publique les préoccupations qui étaient les siennes sur ce qu’il perçoit comme incohérences dans le schéma de la Décentralisation. Son point de vue a été relayé par le ministre des Collectivités territoriales. Notre compréhension de la situation est que le président de la République, en exprimant ses préoccupations, nous invite à l’accompagner dans sa réflexion. C’est là une démarche appréciée. L’un des baromètres d’appréciation de la vitalité démocratique résidera dans l’aptitude des forces vives des citoyens de Rufisque à savoir gérer les différences, les contradictions et les ambitions par des échanges éclairés et fructueux pour seul bénéfice de l’intérêt général de Rufisque. Rufisque a besoin de «ce moment d’arrêt» pour la réflexion commune pour analyser objectivement, avec un sens critique, ce qu’elle est devenue, ses points forts et ses points faibles, ses échecs et ses succès afin de dessiner le projet d’avenir que nous voulons dorénavant construire. Ce n’est qu’à travers cet état des lieux sans complaisance et la construction collective d’un projet d’avenir que nous pourrions prendre une position éclairée et consensuelle pour expliciter sereinement à Son Excellence le président de la République la gouvernance que nous voulons à Rufisque pour le développement réellement ressenti dans la population.

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Imam Taïr FALL

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