La vindicte qui s’est abattu violemment sur les biens et la famille de Moustapha Cissé Lô en a indigné plus d’uns. Il y a de quoi, cela est indéniable. Surtout pour un musulman, un disciple de Serigne Touba de surcroit, connaissant le saint et son œuvre ainsi que ses différents héritiers et successeurs. On ne peut pas donc avoir de doute sur le fait que, face à la colère des talibés du vénéré guide mouride que le député Moustapha Cissé Lô aurait brutalement abusé, d’autres disciples mourides et d’autres musulmans ou de simples citoyens, croyants ou pas, musulmans ou pas, se soient sentis profondément atteints à travers toutes ses identités qui ne cessent d’être en conflit. Même pour le sénégalais qui est possiblement parvenu à se départir de l’une ou l’autre, il s’impose des limites par égards, sinon par conscience, du fait qu’il est peut-être une exception à coté de la règle. En effet, l’histoire du Sénégal et du sénégalais n’a jamais cessé d’évoluer autour de cette identité double, cette tension entre son ontologie cosmopolite et la téléologie politique de l’identité nationale, c’est-à-dire en théorie de l’absence d’identité pour l’Etat. Sauf que, en pratique, l’Etat a bel et bien une identité, la citoyenneté. On a parfois pris la citoyenneté comme une identité qui importe au-dessus des autres—appartenance ethnique, religieuse, régionale, politique, etc.